Rauschenberg "Charlene" 1954
"Je désire intégrer à ma toile n’importe quel objet de la vie" Robert Rauschenberg
Après avoir étudié l'art aux Etats-Unis et à Paris, Robert Rauschenberg (né en 1925) expose pour la première fois ses tableaux en 1951.Il s'agit alors de monochromes, les White Paintings. En 1952 il entreprend d’effacer à la gomme un dessin de Willem de Kooning (c'est le scandaleux Erased De Kooning drawing), figure emblématique de l'expressionnisme abstrait qui dominait l’art américain de cette époque.
Il rencontre John Cage et Merce Cunningham au mythique Black Mountain College en Caroline du Nord, et fait la connaissance de Jasper Johns à New York. Il se lie d'amitié avec le peintre Cy Twombly avec qui il voyagera en Europe et en 'Afrique du Nord et avec qui il exposera en 1953 à New York, à son retour aux États-Unis.
A partir de 1954, Rauschenberg, marqué par les assemblages de Kurt Schwitters, réalise des oeuvres dans lesquelles les objets font leur apparition.C'est la naissance des "Combines paintings",mêlant sculpture, peinture, collages, une forme de composition nouvelle, qui préfigure le pop art.
Son idée est de créer un lien entre l'art et la vie. "Je les appelle "combines", c'est à dire œuvres combinées, combinaisons. Je veux ainsi éviter les catégories.
Si j'avais appelé peintures ce que je fais, on m'aurait dit que c'étaient des sculptures, et si j'avais appelé cela des sculptures, on m'aurait dit qu'il s'agissait de bas reliefs ou de peintures." R. Rauschenberg. On peut noter que, en 1955, ce que les Américains appellent «combine», c’est la moissonneuse-batteuse...
Au début des années 1960 Rauschenberg collaboreavec le Judson Dance Theater, un collectif composé de ces danseurs et plasticiens tels Trisha Brown, Robert Morris, Steve Paxton,
Yvonne Rainer, et Carolee Schneemann. Entre 1963 et 1967, Rauschenberg chorégraphie et interprète pas moins de onze performances, parmi lesquelles Pelican (1963), Elgin Tie (1964) Urban Cycle (1967), Spring Training (1965), Map Room II (1965) ou Linoleum (1966).
Rauschenberg ""Minutiae" 1954 -
Merce Cunningham danse "Minutiae" en 1954
Ni peinture ni sculpture les Combines de Rauschenberg, véritables rébus visuels, envahissent l’espace."
Dans l’œuvre de Rauschenberg, l’image ne repose pas sur la transformation d’un objet, mais bien plutôt sur son transfert. Tiré de l’espace du monde, un objet est imbriqué dans la surface d’une peinture. Loin de perdre sa densité matérielle dans cette opération, il affirme au contraire et de manière insistante que les images elles-mêmes sont une sorte de matériau" (Rosalind Krauss) L'aventures des "Combines", commence avec "Charlene" et
"Minutiae" (1954).Minutiae est œuvre en trois dimensions rassemble les éléments chers à Rauschenberg : textiles, bois et miroirs. C'est un décor pour "Minutiae", une chorégraphie de Merce Cunningham, créée le 8 décembre 1954 à la Brooklyn Academy of Music, sur une musique de John Cage, on verra les danseurs traverser l'oeuvre et se déplacer à l’intérieur. A partir de ce moment la surface des tableaux de Rauschenbergcombinent les matériaux les plus divers, des objets tels des cravates, des petites cuillères ou des coupures de journaux ainsi que coqs, poules et autres chèvres, empaillées.
"A.. P. :Pourquoi intégrez–vous dans vos oeuvres des bouteilles, des ficelles, des chaises, des objets divers ? R.. R.. :je n'ai aucun but. Les peintres emploient des couleurs qui, elles aussi, sont fabriquées. je désire intégrer à ma toile n'importe quels objets de la vie. [ ... ]L'erreur c'est d'isoler la peinture, c'est de la classifier. J'ai employé des matériaux autres que la peinture, afin qu'on puisse voir les choses d'une manière neuve, fraîche." (Entretien avec André Parinaud -1961)
Rauschenberg "
Monogram" 1955
Robert Rauschenberg - Canyon 1959 - Black Market 1961
Le plus célèbre des "Combines" de Rauschenberg est sans aucun doute "Monogram" (1955-1959): Association improbable d’une chèvre angora au museau peint, (debout sur une toile horizontale) ceinte d’un pneu d’automobile, et de différents collages (d’une balle de tennis à différents papiers imprimés). Renvoi à l'enfance de Rauschenberg prés d'une usine de pneu et au souvenir de sa chèvre "Bily" tuée un jour par son père.
Ce même père qui quelques années plus tard, a propos des oeuvres de son fils s'étonnera que l'on parvienne à "vendre des merdes pareilles". Monogram, refusé par le MoMA de New-York a été acquis en 1965 par le Moderna Museet de Stockholm.
Dans la même année 1955 il commence une autre "Combine" Odalisk, et il réalise le célèbre Bed : Rauschenberg a badigeonné de peinture les draps et le couvre-lit en patchwork qui constituent la matière même de l'œuvre, perçue comme un objet et une surface horizontale, que l’artiste présente à la verticale accrochée au mur.
Pour la petite histoire ce légendaire Bed qui faisait partie de l'exposition organisée par Leo Castelli à New York en 1958 (qui fit scandale) sera acheté par Leo Castelli lui même. Robert Rauschenberg, Odalisk, 1955/58
Robert Rauschenberg. Bed. 1955
Avec Black Market exécuté pour l’exposition L’Art en mouvementorganisée par le Stedelijk Museum d’Amsterdam en 1961 Rauschenberg propose une œuvre interactive. À l'origine, la valise posée ouverte recélait divers objets, elle était reliée à la toile par une corde ou étaient fixés 4 bloc-notes, un par objet qu'elle contenait. Les spectateurs étaient invités à prendre un objet et à déposer dans la valise l'un de ses objets personnels. Chaque objet déposé dans la valise devait être décrit sur le bloc-notes correspondant. Les Performances de Rauschenberg
"Pelican" 1963 Rober Rauschenberg Carolyn Brown et Alex Hay
"Elgin Tie" 1964 Rober Rauschenberg
En 1961 Rauschenberg réalise sa série des "Time Paintings" :trois tableaux réalisés pendant une performance qui eut lieu au théâtre de l’ambassade des Etats-Unis à Paris. A la toile installée dos au public afin que celui ci ne puisse en voir l’élaboration était attaché un micro qui permettait d'"écouter" le peintre en action. Un réveil collé sur la toile déterminait par sa sonnerie la fin de l’œuvre, et alors, Rauschenberg emportait son tableau sans le montrer aux spectateurs.
Au début des années 1960 Rauschenberg collaboreavec le Judson Dance Theater, un collectif composé de ces danseurs et plasticiens tels Trisha Brown, Robert Morris, Steve Paxton, Yvonne Rainer, et Carolee Schneemann.
Entre 1963 et 1967, Rauschenberg chorégraphie et interprète pas moins de onze performances, parmi lesquelles Pelican (1963), Elgin Tie (1964) Urban Cycle (1967), Spring Training (1965), Map Room II (1965) ou Linoleum (1966).
Rauschenberg remporte le prix de la Biennale de Venise de 1964,signant la fin de la suprématie de l’École de Paris, au détriment de celle de New York. A Paris, "Combat" parle d'"un affront fait à la dignité de la création artistique", "l'Osservatore romano" lui dénonce "la défaite totale et générale de la culture".
Par la suite, Rauschenberg, tout en poursuivant ses réalisations composites, s'essaie à la techniques des Silkscren,utilisant le transfert d'images sur soie à l'aide d'essence. En 1966, il fonde les "Experiments in Art and Technology" (avec l’ingénieur Billy Klüver).
Ce groupe a pour but de faciliter un échange entre les artistes et les ingénieurs.Dans sa série Carboard (1971 - 72), il s'est borné à l'utilisation de boîtes de carton, ce qui élimine pratiquement toutes les images, la réduction de la palette à un quasi monochrome, commentaire sur le matérialisme et jetabilité de la vie moderne. Dans les années 80 il passera au métal comme support: aluminium la série Urban Boubon, cuivre de la série Borealis
Robert Rauschenberg est sans doute l'un des peintres américains les plus importants de notre époque.
Né en 1925, il a fait l'essentiel de ses études au Kansas City Art Institute, puis au Black Mountain College en Caroline du Nord de 1948 à 1949 avec le peintre Josef Albers.
C'est à partir de 1950, qu'il se fait connaître par ses illustrations de "L'Enfer "de Dante, alors achetées par le Museum of Modern Art de New York. Il réalise sa 1ère exposition en 1951, puis voyage en Europe et en Afrique du Nord, pendant les deux années suivantes.
De retour à New York, il développe sa technique des collages, et y expose en 1953, ses toiles “All White” et “All Black”. De 1953 à 1955, il expérimente des collages et assemblages faits de ficelles et de cordes, de papiers, oiseaux empaillés, et même de pierres et de roches.
La période suivante qui va de 1958 à 1961 est celle des “combine-paintings” où il colle des accessoires, et des objets hétéroclites en recherche de textures et de couleurs sur des fonds tachistes, cela en réaction à l’Expressionnisme Abstrait de l’Action Painting. Il va jusqu'à
- supprimer le fond, ce qui donne lieu aux prémices du Pop’Art.
ll se trouve reconnu à l'échelle internationale avec le Grand Prix de la Biennale de Venise qu'il obtient en 1964 devant le peintre français Roger Bissière tandis que ses oeuvres sont disputées par les galeries et les musées du monde entier.
Après la mort de Jackson Pollock en 1956, il donne un nouveau souffle à la peinture américaine, et développe l'utilisation de différentes autres techniques telles que la sérigraphie, la photographie, la gravure, ajoutés à la peinture et aux objets collés sur différents supports comme le bois, le métal, le papier..
Après 1976, il revient à la création d’objets, de tissus aux textures variées, qu'il assemble sur des panneaux muraux selon des techniques différentes, et en 1985, il crée le "Rauschenberg Overseas Cultural Interchange", qui consiste à faire tourner dans différents pays les oeuvres de ses 20 dernières années.
Peu connu du grand public français, il a incarné avec Jasper Johns l'un des pôles les plus significatifs de la peinture américaine contemporaine, avec sa conception événementielle de la peinture. Pour lui " l'art a tout à voir avec la vie, mais il n'a rien à voir avec l'art", et "mon ambition, dit-il, n'est pas de continuer à peindre des oranges pourries, mais de faire du bon journalisme"."Je ne fais ni de l'Art pour l'Art, ni de l'Art contre l'Art. Je suis pour l'Art, mais pour l'art qui n'a rien à voir avec l'Art, car l'art a tout à voir avec la vie." Robert Rauschenberg.
Robert Rauschenberg est décédé le 12 mai 2008 à Captive Island en Floride.
(LMDA)
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